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What a glorious day !
15 décembre 2008

"Les âmes vagabondes" de Stephenie Meyer

_mesStephenie Meyer se trouve être un auteur surprenant. Autant j'ai pu la conspuer à la lecture du premier tome de sa célèbre série edwardienne, pour ses nombreux défauts et ce malgré quelques qualités sous-jacentes ici et là, autant à la lecture des âmes vagabondes, première excursion dans la littérature SF, je suis bluffé par tant de maitrise pour un auteur que je n'attendais pas là. Mais alors vraiment pas.
Bien entendu, on relèvera des défauts incommensurables : Les âmes vagabondes reste un guilty pleasure, ne l'oublions pas. Mais il avait l'étoffe d'un chef d'œuvre minime, si justement Meyer avaient su gommer ces défauts. On reste loin du compte bien sûr. Il n'empêche : j'étais dedans. C'est aussi simple que ça : des tas de choses sont gênantes mais j'ai adoré ce roman. C'est mon guilty pleasure de l'année, pas moins.

L'humanité a été envahie par les âmes, race extraterrestre à la recherche d'hôte -à la manière d'un parasite- pour pouvoir exister. Vagabonde est l'une d'entre elle, qui a intégré le corps d'une humaine, Mélanie, qui refuse de disparaître et qui, peu à peu, va réussir à exister, conjointement à la première.

Quelques cyniques parleront de pompages peu alambiqués, on ne pourrait décemment leur reprocher. Meyer connaît ses classiques mais n'a pas l'ambition de les concurrencer -encore heureux ! J'ai immédiatement pensé à Battlestar Galactica, une de mes sériés télés préférées : je ne peux donc pas dire -trop- de mal de ce livre.
Commençons par ce qui ne va pas, pour se débarrasser.
Le style d'abord n'est pas vraiment fameux, il est d'une platitude à la limite de l'angoisse. Là n'est certes pas l'intérêt de ce genre de best-seller, mais enfin, ça ne coûte rien d'écrire quelques phrases un peu plus littéraires et enlevées que la moyenne.
La plus grande critique que je ferai à cet ouvrage reste tout de même la suivante : Meyer n'exploite en rien la situation qu'elle a eu le mérite de mettre en  place. C'est fort dommage de développer médiocrement une bonne idée, car le gâchis n'en est que plus exacerbé. Ici, le débat que soulevait le parasitisme, l'opposition subtile et exagérée qu'il existait entre l'homme et l'âme, la férocité des premiers, la bienveillance des seconds, auraient pu brouiller les pistes et rendre la position du lecteur incertaine. Au lieu de cela, Meyer ressasse les mêmes entames de réflexion, reste trop près de ses personnages et finit par frustrer son lecteur. Je pousse peut être un peu : les interrogations auxquelles on pense en premier lieu sont là, et l'auteur analyse scrupuleusement les réactions de ses personnages, dans le bon sens d'ailleurs. Mais l'auteur veut faire de la science fiction, sans en rechercher les tenants. Ce qui est le plus essentiel ici c'est l'enjeu qu'une telle situation représente. Pourquoi, alors, ne pas l'aborder dans une toute autre ampleur ?

Ce sont les personnages et l'intrigue qui donnent aux âmes vagabondes toute sa saveur. Mettons que les cinquante premières pages sont assez ennuyeuses, bien qu'utiles et intrigantes d'une certaine manière. Le récit s'accélère ensuite lors de la découverte par la narratrice de quelques humains -je n'en  dirai pas plus. C'est là que la bonne intrigue entre en piste, soutenue, agrémentée de suspens, de non-dits et de sentiments refoulés, d'incertitudes aussi. Des deux côtés on ne sait comment réagir mais on apprend. Sans arrière pensée, le lecteur se prend au jeu  et en vient à souhaiter l'intégration promise. Le huis clos est assez bien géré, l'animosité des uns et des autres est bien amenée et le combat psychologique rondement mené.
Quant aux personnages, loin d'être intrigants, ils s'éveillent au fil de la lecture. Pris séparément, ils n'ont sans nul doute aucun intérêt, mais leur interaction joue à plein et les rend sur la fin plutôt aimables. On s'attache vite à ces petites choses.
Enfin, le triangle -voire carré- amoureux n'est pas aussi désagréable qu'il n'en a l'air même si par principe, le triangle est une figure endommagée par sa fréquence et le manque de subtilité qui s'en dégage -en littérature comme ailleurs. Bref, certains passages sont mielleux à souhait, d'autres laissent à désirer, la plupart restent buvables car moins forcés que la moyenne.

Stephenie Meyer a pondu là un ode à l'homme, ponctué de fautes bien trop rédhibitoires pour être pris au sérieux. Certaines idées sont fort bonnes -le manque de combativité des âmes, les expériences initiées par les humains et d'autres- mais cela reste trop épars, d'où l'imperfection chronique. D'autres bons points compensent le tout, et Les âmes vagabondes, au final, est un roman très agréable. Mais restons en là, quand bien même le final ouvre une nouvelle porte plutôt alléchante.

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