La Tour Sombre "T2 Les Trois Cartes" de Stephen King
Je continue tranquillement la célèbre série de Stephen King, je fais mon petit bout de chemin -mine de rien.
On m'avait prévenu, l'histoire s'accélérait lors de ce deuxième tome intitulé Les Trois Cartes. On ne m'avait pas menti. Autant le ton résolument contemplatif du premier tome m'avait beaucoup plu, autant l'action -intelligente, originale et presque minimaliste- de celui-ci m'a quasiment subjuguée.
Roland se réveille sur une plage déserte après sa rencontre houleuse avec Walter. Enfin, la plage n'est pas aussi déserte qu'elle n'en a l'air. Après moults rebondissements, il commence à chercher ses compagnons.
On se plonge peu à peu dans un univers complètement foutraque -et délicieux, il va s'en dire- où se côtoient pèle mêle de sordides homards géants -à ce propos, le prologue est assez savoureux, tellement on ne s'attend pas à quelque chose d'aussi violent de la part d'un simple crabe parlant et ce dès les premières pages-, la mafia italienne new-yorkaise des années 90 ou les pensées bien mignonnes d'un psychopathe aux méthodes imaginatives.
Seul inconvénient à ces voyages un peu particuliers : ils sont très limités dans le temps et dans l'espace, ce qui leur enlève un peu de leur charme. Je sais que que cet état de fait a un impact, mais j'aurais tellement aimé que ces saletés de portes s'ouvrent sur des mondes différents à des époques différentes, par exemple dans le futur -un peu d'anticipation n'aurait pas dépareillé.
Enfin, c'est bien le seul élément que je pourrais reprocher à ce deuxième tome. Un monde bien déroutant, une intrigue fabuleusement enclenchée, un objectif insensé, des personnages rocambolesques, des méchants vraiment méchants, des victimes, des morts, des insultes à pleurer de rire -'Culé d'cul blanc en tête- et toujours notre héros, Roland.
Il y a un déclic par rapport au premier tome : on s'installe peu à peu dans un univers qu'on ne comprend toujours que très partiellement, mais dans auquel on pressent déjà qu'il sera plus qu'un théâtre dans lequel se mouvront les personnages. Il sera cela aussi, mais il sera tellement plus. Le fait qu'on ne sache pas du tout de quoi il en retourne ni vers quoi on se dirige, à part bien sûr cette satanée Tour, renforce ce sentiment.
Bref, on a affaire à une série très addictive, qui nous laisse sur la fin, pour le moment. J'espère seulement que l'univers de King se tient, et qu'il y aura des explications à tout ce à quoi on a assisté durant ces deux premiers tomes. Mais, j'avoue ne pas trop m'en faire pour cela.
Car King est un grand auteur, il fait le pitre, il est parfois lubrique, et c'est merveilleux à lire. Et pourtant, son style n'a rien de particulier. Je ne dis pas que King écrit mal, mais son écriture est simplement transparente, elle ne dessert pas le propos, et ne le corrobore pas non plus. C'est un choix comme un autre, tant qu'on est certain de la qualité de ce qu'on raconte.
Il fallait pour terminer que je parle des nouveaux personnages. Ceux-ci sont extrêmement réussis : tout simplement, on s'attache à eux dès les premières lignes -la manière dont on les rencontre n'y est évidement pas étrangère. Les subtilités de langage sont foison, et leurs interactions avec Roland sont un régal d'intelligence.
Bref, La Tour Sombre semble être bien partie pour être un de ses cycles marquants dont on ne sort jamais vraiment. Ses qualités sont inombrables et certaines, notamment -j'insiste- grâce à ses personnages, et Roland. Ah, Roland !