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What a glorious day !
27 octobre 2009

"Des souris et des hommes" de John Steinbeck

Dessourisetdeshommes_copie_1Lennie et George vont de ranch en ranch depuis, peut être, toujours. Ils trainent leurs guêtres et leurs espoirs avec la même facilité. Ils rêvent encore alors qu'ils arrivent dans une énième exploitation près de Soledad en Californie. Les événements vont cependant s'enchaîner, et tout va peu à peu dérailler, inéluctablement.

Des souris et des hommes est de ces ouvrages où il ne fait pas bon vivre, où le pessimisme ambiant colle à la peau de tous, au "nègre", à la femme, à tous ces miséreux. Steinbeck brosse, en trois coups de pinceaux -150 pages- un portrait peu flatteur de cette Californie qu'il connaît bien.
C'est cependant de manière légère, jamais ambivalente, que les scènes se succèdent, à une vitesse effrénée, par le biais d'un rythme affolant de justesse et de phrases laconiques et puissantes -au diable la superficialité du style à outrance.

Quant au fond, il est pénible et révoltant, juste ce qu'il faut. On ne s'en remet pas. La lecture à peine entamée, on se doute déjà que tout cela finira mal, et des mains de George -sinon, ce n'est pas drôle.
La dernière scène est tout bonnement déchirante, à la seconde où George apparaît et dit très simplement à Lennie qu'il ne le grondera pas, on sait. On sait que l'inéluctable se produira, est en train de se produire, et que la ligne d'après sera peut être celle-là, on continue alors, parce qu'il le faut bien. La phrase arrive bien sûr, et l'on s'écroule un peu, malgré tout, devant l'ampleur de ce texte, devant celle de la vie de ces personnages avec lequel on a vécu -et c'est là tout le talent de Steinbeck que de faire ressentir à son lecteur cette misère humaine, plus qu'un long discours et des pleurnichements.
On a pourtant passé si peu de temps avec eux. Mais l'empathie s'est installée, en un rien de temps, sans que l'on se rende bien compte, sans que l'on ne comprenne pourquoi on pleure sur le sort de Lennie, de George et de Candy, sur leurs rêves avortés, sur cette insatisfaction que l'on avait vu arriver à des kilomètres alors qu'eux-mêmes -les bons bougres !- pensaient pouvoir y échappaient. La dureté du sort dans toute sa difficile splendeur, apaisée par les mots simples de Slim mais incomprise par la majorité de ces hommes incultes.
Et cette dernière phrase que révèle un peu tout ce qui ne va pas chez les hommes : "Qu'est ce qu'ils peuvent bien avoir qui leur fait mal, ces deux-là, t'as idée, toi ?".

On retiendra Des souris et des hommes la souplesse des phrases qu'il contient, l'engagement de son auteur, la crédulité des situations, le lien indéfectible entre deux hommes, rompu malgré tout, parce que "y a des choses qu'on est obligé de faire, des fois". Surtout, on pensera à ce texte, longtemps après.   

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