"Doggy bag saison 1" de Phillipe Djian
L’auteur français Philippe Djian publie la première saison de son Doggy Bag en 2005, ce suite au refus d’un scénario proposé à la télévision française d’une série télévisée à l’américaine. Étant une grande consommatrice de séries en tout genre, Djian m’est bien sûr apparue éminemment sympathique, surtout que le concept qu’il révèle lors de ce « pilot » est assez percutant. Il faut bien reconnaître que l’auteur a le premier compris en France l’ampleur du phénomène.
Deux frères, Marc et David, dirigeants d'un concessionnaire automobile voient leur quarantaine bouleversée par le retour d'Edith dont ils étaient passionnément tombés amoureux de longues années auparavant. Le pitch est ce qu'il est. Là n'est pas la question, il s'agit du pilote qui, comme il se doit, aura l'occasion de bouleverser le convenu. Enfin presque. Nous y reviendrons. Qu'importe.
Tout va très vite chez Philou,
il s’avère parfois difficile, au début, de suivre l’intrigue car on passe d’une
scène à une autre s’en trop bien se rendre compte des conséquences :
l’immédiateté est reine, on ne perd pas de temps à renâcler, expliciter,
encourager ou plaindre. On ne voit rien venir. Comme dans une série télévisée.
Du moins, comme dans une série télévisée réussie. On subit peut être un peu, mais les situations ne se devinent pas. Le concept de suspens en découle.
Surtout que les personnages
de Djian, s’ils ne sont pas très attachants, ont l’avantage d’être rien de
moins que fascinants : les deux antihéros de service sont à la fois des
caricatures et des personnes aux ressorts particuliers, aux réactions
incertaines et difficiles. Des gens très sympathiques en somme ! De même
pour les personnages secondaires, tous plus ou moins psychorigides et aux interactions
parfois malsaines, souvent grandioses, car inquiétantes et surprenantes.
Le style répond bien entendu
à tout ce qui a été dit précédemment : il se savoure ! Vous
connaissez pourtant bien mon amour pour les fioritures littéraires en tout
genre. Voilà qu’ici, aucune n’ose pointer le bout de son nez : qu’importe,
les faits et seulement eux, à peine décortiqués, seulement repris d’un ton
décalé reposent sur ces quelques pages. L’efficacité est à son comble, aucun
temps mort n’est à déplorer alors que le pilot d'une série, traditionnellement, est
construit sur un rythme plus posé, pour permettre au téléspectateur lambda de
bien comprendre les tenants et les aboutissants. Pas de ça ici, peut être que
l’auteur est plus émancipé que le scénariste. Sans doute à vrai dire car
certaines scènes sont particulièrement gratinées pour de la télévision.
Pourquoi sommes nous accroc aux séries américaines ? Un début de réponse ici : des écorchés vifs aux
réactions douteuses, des mœurs improbables, des incendies, des prostituées et
des dépressifs. Tout cela est ma foi fort réjouissant. Un peu dérangeant aussi. N'est ce pas un des buts avoués de la littérature ?